Au-delà d’être un outil phare de la programmation neuro-linguistique, la pyramide des niveaux logiques formalisée par Robert Dilts est un outil puissant et passionnant pour comprendre les processus de changement… et les actionner.
Pour la petite histoire, les travaux de Dilts sont inspirés des niveaux d’apprentissage et de changement structurés par le psychologue Gregory Bateson (1904 – 1980)
La pyramide de Dilts est structurée en 6 niveaux. Prenons l’exemple d’un créateur d’entreprise qui souhaite démarrer son activité.
Sommaire
Premier niveau : l’environnement
C’est le contexte. Où son activité se déroule-t-elle ? Avec qui ? A quel moment ?
Deuxième niveau : les comportements
Quelles sont les actions que notre (futur) entrepreneur réalise. Que fait-il ? Que dit-il ? Quels sont les comportements les plus structurants ? On est ici dans le concret. Par exemple : je suis en train de réaliser une proposition commerciale sur mon PC ; j’anime une formation sur la gestion du temps. Etc.
Troisième niveau : les capacités
Pour mettre en œuvre ces comportements, de quelles ressources (internes) notre entrepreneur a-t-il besoin ? Comment s’y prend-il et quelles compétences maîtrise-t-il ?
Exemples : il peut s’agir de compétences techniques (la maîtrise de l’ordinateur ou de certains logiciels) ou de compétences “soft” : confiance en soi, leadership, écriture, présentation orale…
Quatrième niveau : les croyances et les valeurs
C’est un niveau clé. Le niveau du pourquoi, de notre pourquoi personnel à un moment donné. Nos croyances et valeurs correspondent à notre “carte du monde”, la façon dont nous percevons et interprétons le monde. Elles conditionnent ce qui est important pour nous, et par la même nos comportements, ainsi que la vision que nous avons de nous-mêmes, et donc nos capacités – actuelles ou futures.
Le travail sur les croyances et les valeurs peut avoir un effet majeur sur les niveaux précédents, mais également sur les niveaux suivants.
Revenons à notre entrepreneur. Il s’agira de comprendre en quoi son entreprise – dans toutes les acceptions du terme – est importante pour lui. De comprendre – et de préciser – les raisons qui le meuvent.
Cinquième niveau : l’identité
C’est le sentiment d’unité de soi. Le(s) rôle(s) principal(aux) que l’on joue. La manière dont nous nous définissons (à un moment donné et dans le contexte en question). Lorsque je mets en œuvre les comportements, capacités, croyances et valeurs définis plus hauts, qui suis-je ?
Notre entrepreneur pourra par exemple se définir comme un développeur enthousiaste et déterminé, un gestionnaire rigoureux, un meneur d’hommes et de femmes, un créateur de produits et services innovants, etc…
Il peut être utile à cette étape d’utiliser des métaphores : “Je me vois comme…”.
Sixième niveau : Vision – Mission – Spirituel – Transpersonnel
Il s’agit ici de déterminer au service de quoi sont le(s) rôle(s) défini(s) à l’étape précédente. Lorsque je “joue” tel rôle, que je mets en œuvre telle capacité et tel comportement, au service de quoi de “plus grand” est-ce ? Quel est mon but, quelle mission je me fixe ?
Lorsque l’on entreprend, cela peut par exemple être pour des raisons très différentes. Peut-être est-ce pour apporter de l’innovation dans le monde, peut-être pour contribuer positivement à la société en recrutant des collaborateurs, peut-être encore pour permettre à soi et à ses proches de vivre dans l’aisance financière et de réaliser ses/leurs projets et désirs…
Application dans le développement personnel – pour soi et pour les autres
Il est très intéressant de réaliser ce travail personnel avec un accompagnateur – coach, thérapeute – à même de poser les “bonnes” questions, de challenger intelligemment votre démarche, de vous aider à mettre à jour les congruences, mais également les incongruences, les points aveugles et les croyances parfois limitantes afin de vous accompagner dans votre cheminement et de mettre en œuvre les changements souhaités.
Néanmoins, “la pyramide de Dilts” est également un outil précieux pour soi, à utiliser en autonomie.
Une démarche similaire pour aborder une situation problématique ou un objectif
Ainsi, lorsque vous souhaitez travailler soit sur un problème, soit sur un objectif, la démarche sera similaire.
Premier niveau
Prenez le temps d’identifier le contexte dans lequel se joue soit le problème, soit l’objectif. Où, quand, avec qui ? Soyez spécifique.
Deuxième niveau
Que faites-vous précisément à ce moment-là ? Que vous dites-vous (à vous-même), que dites-vous, que faites-vous précisément, que ressentez-vous ?
Troisième niveau
Quelles capacités et compétences mettez-vous en œuvre pour faire ce que vous faites ? Il peut s’agir aussi bien de compétences/capacités “positives” (maîtrise d’un outil, confiance en soi dans une situation précise…) que “limitantes” (capacité à rougir, peur de prendre la parole en public…).
Quatrième niveau
Quelles sont vos valeurs et vos croyances, qui vous amènent à mettre en œuvre et développer ces comportements et faire ce que vous faites ? En quoi rougir est important pour vous ? En quoi la maîtrise de tel outil, ou de telle capacité joue revêt un intérêt pour vous ? Etc.
Il est important ici de prendre du recul par rapport à ce que vous dites, comme si vous le regardiez ou l’entendiez depuis une position “extérieure”, en observateur – je vous conseille par exemple d’écrire – à chaque étape – afin de pouvoir prendre de la distance par rapport à vous-même. Cela vous permettra d’identifier des présuppositions, et de prendre conscience de vos croyances. Exemple : “il est important de maîtriser Powerpoint, “On ne peut pas réussir si l’on ne sait pas animer de conférence”. Lorsqu’on travaille sur des situations problématiques particulièrement, se dessineront peut-être ici des croyances limitantes (exemple : “Je suis nul dans tel domaine ou en général”). Il est important de les repérer. On peut alors travailler sur les valeurs, et les croyances aidantes qui seraient utiles et importantes pour nous.
Cinquième niveau
Mon identité. Lorsque j’ai ces croyances (sur moi-même, les autres, le monde…), et que je mets en pratique ces valeurs, ces capacités et ces comportements, comment je me définis ? Quel rôle ai-je ? Qui suis-je dans ce contexte ? Lorsque l’on travaille sur une situation problématique, ce niveau peut être l’occasion de redéfinir le rôle que l’on souhaite jouer dans un contexte donné.
Sixième niveau
Au service de quoi de plus grand pour moi – et pour les autres – est-ce que je veux réaliser mon objectif. Quelle est ma mission, quel est le sens que je veux donner à ma vie dans le cadre de mon objectif. Ici également, l’intérêt est de préciser voire de reconfigurer ces éléments pour en devenir pleinement conscient, et responsable.
Une fois la pyramide “remontée”, il s’agit alors à nouveau de la redescendre, en ajustant chaque niveau logique en fonction des apprentissages des niveaux logiques supérieurs.
En clair ?
Vous avez précisé, voire peut-être même totalement refondu votre vision de vous-même (niveau 5 “identité”) et du sens que vous voulez donner à vos actions, vos projets, votre vie (niveau 6 : “Mission”). En quoi cette “reconfiguration” de vous-même impacte vos croyances (ex : “j’échoue tout le temps” devient “j’ai parfois planté des projets, mais suis résilient et ai toujours appris et su me relever pour avancer – la preuve, je suis là aujourd’hui ! “) et vos valeurs (exemples : la valeur famille devient plus importante que la valeur travail, ou l’inverse ; la valeur “être au service des autres” devient moins importante que la valeur “être personnellement épanoui”), etc.
A son tour, cette réorganisation des croyances et des valeurs impacte vos capacités et compétences stratégiques (celles que possédez ou estimez posséder, celles que vous souhaitez développer ou qui vous semblent importantes), ainsi que vos comportements concrets dans les contextes concernés par votre objectif (exemples : “je rentre à 19h30 plutôt qu’à 20h pour passer davantage de temps en famille”, ou “je vais faire une séance de sport plutôt que de boire un verre entre amis”).
J’ai moi-même à nouveau réalisé ce processus lors de ma formation de praticien PNL. Il s’est avéré riche d’enseignements, concrétisés rapidement par des changement s marquants !
A retenir
Identifier un objectif, ou une situation problématique
- “Remontez les niveaux logiques” (du niveau 1 : environnement jusqu’au niveau 6 : Vision) grâce au “guide d’entretien” ci-dessus
- Prenez du recul par rapport à ce que vous vous dites et challengez-vous pour faire ressortir les imprécisions, les incongruences et les biais de raisonnement. A chaque fois, complétez, précisez et reformulez
- Une fois votre “vision” formalisée, redescendez alors les niveaux logiques un à un en ajustant au regard des précisions et reconfigurations effectuées aux niveaux supérieurs
- Une fois la “redescente” terminée, vérifier que vous vous sentez congruents, c’est à dire que vos différents niveaux logiques sont “alignés” et cohérents
Dans le cadre du développement personnel, il est intéressant de travailler l’ensemble des niveaux logiques. Lorsqu’il s’agit de traiter une situation problématique, la pyramide de Dilts revêt d’autres intérêts que nous pourrons étudier par ailleurs. Il prend dans tous les cas tout son intérêt lors d’un accompagnement avec un coach ou un thérapeute.
Enfin, retenez que l’on ne traite pas une situation problématique au niveau auquel elle apparaît, mais à un niveau supérieur, qui permet de changer de perspective. Puis on revient au niveau de la situation problématique pour vérifier comment le changement opéré au(x) niveau(x) supérieurs(s) modifie cette situation.
Bonne lecture, et surtout bonne pratique !
Bonjour Gaël,
Je trouve utile d’avoir découpé l’article en deux, avec une explication théorique puis l’application en développement personnel.
J’avais déjà croisé cette pyramide dans “Wake up”, un livre de Christine lewicki qui guide le lecteur à redessiner son projet professionnel, à trouver où il y a un problème (grâce à la pyramide notamment), ses forces, et ses sources d’énergie. Le livre sur Amazon : https://www.amazon.fr/Wake-up-Christine-LEWICKI/dp/2266264028
Je n’avais pas saisi à 100% l’utilisation de la pyramide dans le livre. Ton article m’aide à comprendre un peu mieux car il détaille un peu plus chaque partie. Mais j’ai encore du mal à bien comprendre comment procéder si on veut se l’appliquer à soi.
Peux-tu me dire si j’ai bien compris ? Je comprends le processus suivant :
– Etape 1 : je détermine le problème ou objectif auquel je veux m’attaquer. Exemple : je veux être plus épanoui au travail
– Etape 2 : je remonte la pyramide en faisant l’état des lieux de notre fonctionnement et nos croyances actuelles
– Etape 3 : je repère à quel niveau le problème ou l’objectif est bloquant pour moi. Exemple : au niveau 4 des croyances, je suis persuadé que si j’ai fait des études dans un domaine, je suis obligé de faire un travail dans ce domaine et d’y rester
– Etape 4 : je réfléchis au niveau supérieur, le 5 (l’identité). Exemple : j’aimerais être quelqu’un qui provoque de l’émotion chez les gens par la parole
– Etape 5 : je redescends toute la pyramide en ajustant les étapes inférieures par rapport à celle que je viens de modifier, pour régler le problème. Exemple : au niveau 4 des croyances, je transforme ma croyance précédente par “je crois que si je cherche un travail où je vais pouvoir créer de l’émotion chez les autres par la parole, je serai plus heureux car c’est ce que je veux faire”
Entre l’exemple que tu donnes sur le créateur d’entreprise et l’autre dans l’application au développement personnel, ce que je comprends c’est que cet outil peut servir à la fois à régler un problème (en faisant cet aller-retour avec la pyramide), mais aussi à établir un projet (en partant du haut de la pyramide). C’est d’ailleurs ce qu’on préconise aux startups pour qu’elles durent dans le temps : réfléchir à sa vision (quelle serait la société idéale dans laquelle on aimerait vivre), sa mission (en quoi est-ce que la solution qu’on met en place va permettre d’aller vers cette société), ses valeurs (de quelle manière a-t-on envie de développer le projet, en se basant sur quelles valeurs-clés).
Ce que tu dis au niveau de l’identité dans le cadre d’une création d’entreprise me fait aussi penser à une classification des entrepreneurs dont on m’avait parlé lors d’une formation à la création d’entreprise. Selon eux, il existe trois types d’entrepreneurs :
– Les entrepreneurs bâtisseurs qui veulent créer une entreprise qui révolutionnera le monde, quelque chose de grand qui marquera les esprits et fera vivre le nom encore longtemps
– Les entrepreneurs sociaux qui veulent résoudre un problème de société, inventer quelque chose pour aider les populations les plus fragiles
– Les entrepreneurs lifestyle qui veulent trouver le meilleur équilibre vie professionnelle-vie personnelle, en optimisant leur travail pour pouvoir libérer du temps et davantage profiter de son temps libre
Je pense que c’est intéressant de se demander quel type d’entrepreneur on a envie d’être.
En tout cas, je trouve que cet outil de la pyramide est intéressant dans le cadre du développement personnel. Je vais essayer d’écrire un article similaire mais appliqué aux modes de travail dont je parle sur mon blog : digital nomads, remote, slasheurs, entreprise libérée. Quelle ressource/livre me conseilles-tu pour approfondir le sujet ?
Pour finir et pour rebondir sur ce que tu dis sur le coaching. Je suis d’accord avec toi sur le fait que, on peut utiliser tous ces outils de façon autonome, mais l’aide externe d’un coach permet d’aller plus loin. Je reçois moi-même du coaching depuis quelques semaines. Et, alors que je suis déjà très avancée en développement personnel, ça m’a aidée à découvrir les choses que je n’arrivais pas à voir seule.
Bonjour Isis,
Je te remercie pour ton intérêt et ton commentaire que j’ai trouvé très intéressant !
Effectivement, cet outil est très utile tant pour traiter un problème que pour construire un projet – personnel ou professionnel. Et il s’applique aussi bien à l’individu qu’au groupe, et donc qu’à l’entreprise.
La démarche que tu abordes est la bonne. Il faut dans un premier temps déterminer le problème que tu veux traiter. Par exemple être plus épanoui au travail. Et constater que cela se traduit par des émotions, des comportements, dans un contexte/des contexte(s) particulier(s). Ensuite il faut donc comme tu le fais « remonter les niveaux logiques » pour agir à un niveau supérieur. Dans les faits, c’est souvent au niveau des croyance et de l’identité que se jouent les conflits intérieurs. Et le niveau des croyances a ceci de particulier qu’en agissant directement sur nos croyances, on peut également faire évoluer notre identité et notre « vision ».
La « redescente de la pyramide » permet de s’assurer que l’on est pleinement cohérent. Il faut être attentif(ve) en le faisant à ses sensations, ses émotions et ses pensées pour être sûr(e) que l’on est congruent.
C’est pourquoi, même si c’est très utile de faire le travail seul, cette démarche est d’autant plus puissante lorsqu’elle est accompagnée par un coach, qui peut poser les bonnes questions, et identifier les hésitations et les incongruences conscientes ou moins conscientes.
Concernant les ouvrages, ceux de Robert Dilts sont top (Croyances et Santé, qui est davantage lié à la thérapie mais néanmoins extrêmement pertinent et Être coach).
Au plaisir d’en échanger !
Bonjour Gaël,
D’accord, merci de ta réponse. Je vais aller voir les livres de Robert Dilts et m’essayer à l’exercice de la pyramide 🙂