On entend souvent parler de mémoire de travail lorsque l’on aborde le sujet de la mémoire court terme. Mais quelle est la différence entre mémoire à court terme et mémoire de travail ? Comment fonctionne la mémoire de travail ? Est-il possible de l’améliorer et d’être plus performant lors de la réalisation d’une tâche ?
Sommaire
La mémoire de travail
La mémoire de travail ou mémoire immédiate est utilisée lorsque l’on réalise une tâche qui nécessite de garder activement en mémoire des informations. Par exemple, pour le calcul mental, la mémoire de travail est sollicitée pour garder les chiffres en tête avant d’effectuer le reste de l’opération. Elle a la particularité d’être transitoire et limitée.
C’est pour cela que pendant l’écoute d’un cours, il est possible de prendre des notes mais dans un délai très court. Elle a également la capacité de “charger” les informations stockées temporairement dans la mémoire de long terme pour l’associer à la mémoire procédurale (c’est elle qui est responsable de l’apprentissage de savoir-faire et de la motricité). L’action deviendra peu à peu automatique.
La dimension spatio-temporelle est par ailleurs prédominante car c’est la mémoire de travail qui permet de se localiser et se diriger. Elle traite et garde en mémoire les informations spatio-temporelles ce qui permet de s’orienter dans l’espace.
La mémoire court terme
La mémoire à court terme est celle que l’on utilise pour retenir les informations pendant une demie minute environ [pour en savoir plus cliquez ici].
C’est par exemple cette mémoire qu’on utilise pour retenir une suite de chiffres.
Elle ne permet en revanche pas de charger des informations stockées dans une autre partie de la mémoire.
Quel lien entre mémoire à court terme et mémoire de travail ?
La mémoire de travail permet donc de manipuler les informations contenues dans la mémoire à court terme par différents mécanismes dont nous parlerons juste après. On peut donc la considérer comme l’extension de la mémoire à court terme.
Les mécanismes de la mémoire de travail
Les chercheurs Baddeley et Hitch (1974) se sont interrogés sur cette mémoire. Leurs recherches sur le sujet leur permirent de découvrir qu’il faut distinguer :
- le traitement cognitif à faire sur une information
- son stockage en mémoire. En d’autres termes, une information doit être traitée puis interprétée avant de pouvoir être stockée
On reçoit d’énormes quantités de stimuli ou informations chaque minute. Il faut dans un premier temps que l’attention se porte sur une information pour que le cerveau l’analyse. C’est après ce traitement que l’information peut être stockée dans la mémoire (le stockage n’est pas toujours effectué. Lorsque l’on réalise un calcul mental, on le retient uniquement pour faire l’opération).
De plus, Baddeley et Hitch (1974) ont expliqué le fonctionnement de la mémoire de travail en la décomposant en trois entités “esclaves” liées entre elles et placées sous le “commandement” d’un 4e composant : le « central executive ».
Le rôle de ce “Central executive” est de coordonner le flux d’information à destination des 3 systèmes « esclaves » :
- La boucle phonologique
- La mémoire tampon
- Le calepin visuo-spatial
Pour cela, il contrôle les processus exécutifs et les actions à produire. Il sélectionne également les informations pertinentes et supprime les informations non pertinentes. C’est le traitement cognitif.
(schéma de la décomposition du “central executive”)
Prenons le cas d’une suite de lettres à mémoriser. Les lettres sont vues par un individu. Le stimulus visuel parvient à “l’administrateur central”qui décide le traiter c’est-à-dire de porter son attention dessus. Si c’est le cas, l’information est prise en compte par le calepin visuo-spatial. Il va créer une image mentale de ces chiffres grâce à la typographie, la couleur, etc.. C’est par ce mécanisme qu’une information reste en mémoire de travail afin d’être manipulée.
Chaque “système esclave” a ainsi un champ d’action bien spécifique :
1er mécanisme de la mémoire de travail : la boucle phonologique
La boucle phonologique permet de retenir une information aussi longtemps qu’on la répète. Par exemple, pour garder en mémoire une liste de mots ou de chiffres, il est possible de répéter verbalement cette liste afin de la garder dans la mémoire de travail. La boucle phonologique est associée au langage.
Elle peut être améliorée grâce à l’autorépétition ou la mnémotechnique.
2e mécanisme de la mémoire de travail : le calepin visuo-spatial
Le calepin visuo-spatial est lui associé au visuel. Il permet de garder une information en tête par l’intermédiaire d’images mentales. Les études montrent que la durée du stockage de l’image joue sur la netteté de celle-ci. L’image va peu à peu disparaître de l’esprit au fur et à mesure que le temps passe.
Il est possible de travailler sur les images mentales plus complexes pour faciliter la mémorisation (l’image mentale est un outil très puissant qui peut être amélioré par de nombreuses techniques).
3e mécanisme de la mémoire de travail : Le tampon épisodique
Enfin, le stock de mémoire tampon est le mix entre les informations visuelles (calepin visuo-spatial) et la boucle phonologique. Il crée une représentation épisodique c’est-à-dire une représentation d’un moment vécu personnellement d’une information. Cette représentation épisodique est possible grâce aux éléments phonologiques, visuels et spatiaux recueillis par les autres systèmes.
Son action principale est d’associer ces informations recueillis par les autres systèmes “esclaves” avec des émotions qui sont stockées dans la mémoire à long terme. Il met en relation ces données afin de rendre l’image plus persistante.
4 méthodes pour améliorer sa mémoire de travail
Parmi les nombreuses méthodes qui permettent d’améliorer sa capacité de mémorisation, penchons-nous plus particulièrement sur quatre d’entre-elles.
L’autorépétition :
C’est la méthode la moins efficace parmi l’ensemble des méthodes présentées. Elle est en revanche simple à mettre en place. L’autorépétition consiste tout simplement à répéter plusieurs fois l’information à retenir pour en améliorer la mémorisation.
La mnémotechnique :
La mnémotechnique est une méthode souvent employée chez les enfants. Cela consiste à associer les informations que l’on souhaite retenir à des choses que l’on connaît déjà parfaitement.
Il existe plusieurs sortes de mnémotechniques, si vous souhaitez en savoir plus cliquez ici .
Par exemple, pour retenir le sens des stalagmites et stalactites, il existe le moyen mnémotechnique suivant : stalagmite m=monte, stalactite t=tombe.
Les images mentales :
Les images mentales sont une représentation imagée des informations que l’on souhaite retenir. L’objectif est de mettre en scène les différentes informations entre elles pour les garder en mémoire. L’avantage de construire des images mentales est qu’elles permettent de retenir rapidement un grand nombre d’informations, même si celles-ci on peu voire pas de rapport entre elles
Plusieurs principes doivent être respectés pour pour créer une image marquante. Pour en savoir plus, nous vous conseillons de lire cet article sur les associations d’idées ou celui-ci sur le Palais Mental.
Le regroupement :
Le regroupement permet de regrouper des informations entre elles. Le cas le plus simple concerne le regroupement de chiffres. Par exemple dans une suite de chiffres comme : 1-8-7-4-7-6-2. Il est possible de lire les chiffres deux par deux et les mémoriser. Dans cet exemple, cela nous donne 18-74-76-2.
Ce qu’il faut retenir de ma mémoire de travail :
- La mémoire de travail est liée à la mémoire à court terme. Elle permet de garder en mémoire des informations pour effectuer une tâche.
- Elle peut se décomposer en 3 systèmes (boucle phonologique, calepin visuo-spatial, stock de mémoire tampon épisodique) pilotés par un quatrième ( le “central executive”).
- Certaines techniques permettent d’améliorer la mémoire de travail (la répétition, la mnémotechnique, les images mentales ainsi que les regroupements).